HOMMAGE Jean Ferré fidèle au poste Jean Ferré aura sacrifié sa vie à la radio, sa radio. Fidèle au poste, jusqu'à son dernier souffle, pour reprendre le titre de ses chroniques parues en 1986, il aura été fidèle à ses convictions et à ses amitiés, avant d'éteindre le "poste" le 10 octobre, emporté par un cancer. Né le 29 mai 1929 d'une famille du Poitou, élevé au collège de jésuites de Poitiers, il s'était engagé dans la presse en 1956. Après avoir pris part au lancement d'un grand magazine catholique de droite, Notre époque, qui s'était arrêté au bout de cinq mois, il avait décidé de créer, sans fortune, son journal, sur le modèle du Time Magazine américain : C'est-à-dire, mensuel sobre et élégant. On y retrouvait Jean-François Chiappe, Jean-Luc de Carbuccia, Stephen Hecquet. De droite et Algérie française comme lui, la revue attaqua le général de Gaulle; elle fut saisie et s'arrêta. Soupçonné d'entretenir des liens avec le général Salan, Jean Ferré s'échappa vers l'Espagne après un séjour à la Santé et au camp de Saint-Maurice-l'Ardoise. À Madrid, il se passionna pour la monographie du peintre Watteau, qui parut, à son retour à Paris en 1972, après son amnistie. Il retrouva son ami Louis Pauwels pour imaginer le Figaro Magazine - dont il devait tenir la chronique radiophonique. Il put enfin réaliser son rêve à Radio Solidarité, avant de créer Radio Courtoisie, une radio de droite, courtoise à l'égard de toutes ses familles. Son "Libre Journal" du lundi soir était illustré par Jean Dutourd aussi bien que par Maurice Druon. Sentinelle d'une France qu'il aimait de passion, sa voix, présente au micro pendant plus de vingt ans, restera suspendue sur les ondes. François d'Orcival